L'ENFANT CHEIKH - version éditée

L'ENFANT CHEIKH

en VOD

de Hamid Bénani

Dans son dernier long-métrage, le réalisateur de Wechma, évoque la résistance qu’oppose la tribu berbère des Aït Atta à l’invasion française dans les années 30. Le film met en scène les membres d’une tribu et d’une famille dont le Cheikh va être assassiné par le Pacha, hostile à tout acte de résistance à l’encontre des français. Le Cheikh laisse une famille endeuillée et traversée par des tensions opposant sa seconde épouse Zahra à la fille de sa première épouse, Tousha. Zahra a eu du Cheikh un seul enfant qui est mutique, Ydir. C'est l'enfant Cheikh. Saïd, le fils adoptif du Cheikh, sera courtisé par sa belle-mère, Zahra, sous les encouragements de Ijjou, une gouvernante et dame de compagnie. Tousha est éprise d'Ameur, un résistant qui combat ardemment la pénétration coloniale.

A propos du film

"Le réalisateur mêle, en un savant dosage, des scènes d’une grande intimité où les rivalités sont d’autant plus mises en relief qu’elles ont lieu dans un espace clos, celui du ksar, marqué par la promiscuité et la surveillance généralisée, et des séquences de plus grande ampleur dans lesquelles souffle le vent de l’épopée qui est celui de la résistance face à la désagrégation d’une société berbère dont l’équilibre tribal est mis à mal. L’intrigue se déroule, dans les années 30, en pleine vallée du Saghro dans le Tafilalet et la somptuosité des paysages est soulignée par des travellings et des panoramiques audacieux qui rendent à la fois au décor toute sa beauté âpre et en révèle la part d’obscurité. À l’image de cette grotte, à l’entrée de laquelle se trouve un personnage inquiétant de sourd-muet, et dans laquelle séjourne Ameur qui y entasse les butins de guerre remportés contre l’armée coloniale, composée certes de soldats français mais aussi de tirailleurs marocains et sénégalais, de mercenaires de toutes sortes. On songe aux films de John Ford, qui à l’époque où se déroulent les faits, réalisait dans les décors naturels du grand Ouest américain des westerns qui ont marqué l’histoire du cinéma et dont se souvient Hamid Bénani dont la culture cinématographique nous rapproche parfois aussi du cinéma surréaliste de Luis Buñuel avec lequel il partage un goût pour l’incongru et l’inquiétante étrangeté d’un monde livré à des forces cosmiques qui nous échappent. Admirable séquence dans laquelle un insert de la lune semble présider aux ébats des amants !"

Olivier Rachet